Lundi 4 juillet 2022 s’est tenue la cérémonie de remise des prix des lauréats du Concours d’innovation 2021-2022  lancé en novembre 2021 par le Gouvernement au titre de France 2030 et opéré par Bpifrance. Francesco Manegatti est lauréat du Concours i-PhD, mention Grand Prix pour son projet Ncodin développé au C2N. Portrait.

Parcours

Mon parcours scolaire commence en Italie, à Chivasso, un petit village près de Turin où j’ai étudié jusqu’au lycée. Ma grande passion pour la physique m’a conduit à poursuivre un parcours universitaire : j’ai ainsi obtenu, en 2014 mon diplôme de licence en ingénierie physique à Politecnico di Torino.
Dans le cadre de mon master, j’ai été sélectionné pour intégrer le programme d’études international appelé « Nanotechnologies for the ICTs », porté par 3 écoles : Politecnico di Torino, l’INP-Phelma de Grenoble et l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). Ce programme offre une formation exhaustive autour des nanotechnologies à l’état de l’art, avec une focalisation particulière dans le domaine de la microélectronique. À la fin de la première année de master, je suis venu pour la première fois au C2N (qui à l’époque s’appelait LPN) pour valider mon stage de M1. J’ai eu la possibilité de travailler autour de la photonique, un domaine de recherche qui suscitait déjà ma curiosité. À cette occasion j’ai rencontré Fabrice Raineri, Professeur des Universités à l’Université Côte d’Azur (à l’époque Maitre de Conférences à l’Université Paris Diderot) avec qui je me suis immédiatement entendu. Je n’imaginais pas encore que nous allions entreprendre une telle aventure professionnelle et une si belle amitié ! Grâce à ce stage, j’ai compris que la photonique était le domaine de recherche dans lequel je voulais poursuivre ma carrière scientifique.
Après avoir passé un semestre dans chaque établissement, le dernier semestre du programme était dédié au stage de M2, que j’ai fait chez IBM à Yorktown Heights, aux États Unis : encore une fois, mon travail était axé sur l’étude de composants photoniques. Grâce à ce parcours j’ai eu l’occasion de voyager et de découvrir beaucoup de cultures différentes, qui m’ont permis d’enrichir mon bagage personnel.
Après mon diplôme de master (Septembre 2016), j’ai choisi d’entreprendre un doctorat pour pouvoir me spécialiser dans la recherche en photonique. J’ai alors recontacté Fabrice pour mon projet de doctorat, que j’ai commencé en Janvier 2017. Le sujet de mon doctorat était d’étudier et de développer des composants optoélectroniques pour concevoir une source de laser et un amplificateur de lumière basés sur une structure qu’on appelle cristal photonique, qui est capable de confiner la lumière dans des volumes très réduits (à l’échelle nanométrique). Grâce au travail développé notamment au sein de la centrale de technologie du C2N, j’ai pu acquérir des compétences dans le design, la caractérisation mais surtout dans la fabrication de ces composants. J’ai obtenu le titre de docteur en physique de l’Université de Paris Cité en Décembre 2021.
La technologie développée durant mon doctorat est amenée à répondre aux enjeux sociétaux majeurs dans le secteur de la technologie de l’information. J’ai donc décidé de m’engager dans la valorisation de mon travail de recherche. Quand j’ai proposé cette idée à Fabrice, nous sommes tout de suite tombés d’accord sur l’idée de démarrer un projet de business pour élever cette innovation au-delà de l’environnement de recherche : personnellement, ça a toujours représenté une grande source de motivation. Mon premier contact avec l’entrepreneuriat a été le séminaire « Valorisez la recherche en nanosciences par la création d’entreprise » en Mars 2020, organisé par C’Nano. Ce séminaire a été une révélation et a confirmé mon envie de suivre la voie entrepreneuriale. Quelques mois après le séminaire, Fabrice et moi avons candidaté et remporté l’appel à projet rattaché au séminaire. Nous avons pu suivre la « Formation Centrale Entrepreneur » proposée par l’École Centrale et bénéficier d’un accompagnement personnalisé par un entrepreneur expert ; ses conseils précieux nous ont aidé dans le développement de notre projet de startup. Quelques mois après, nous avons obtenu des fonds pour un projet de prématuration CNRS, qui a démarré en Septembre 2021 pour une durée de 18 mois : cela nous permet de bénéficier d’un accompagnement personnalisé de la part de CNRS Innovation, dont l’objectif est de nous suivre et de nous soutenir dans la constitution des bases du business plan. Pour cela, nous avons également été soutenus par le programme d’accompagnement Rise de CNRS Innovation, qui nous a permis de suivre la formation entrepreneuriale « Deeptech Founders » et de focaliser l’attention non seulement sur les aspects scientifiques du projet mais surtout sur la compréhension et l’analyse du marché et le développement de notre modèle économique. Notre projet NCODIN (comme nous l’avons nommé) est lauréat du concours i-PhD proposé par Bpifrance, mention spéciale « Grand Prix ».

Le projet NCODIN

L’explosion des échanges de données liés à l’internet et l'évolution rapide d'architectures sophistiquées pour résoudre des problèmes de calcul complexes (High Performance Computing, Artificial Intelligence/Deep Learning) nécessite le développement de technologies permettant des débits de transmission et des puissances de calcul toujours plus élevés tout en maintenant une consommation énergétique compatible avec un développement durable.
Le projet NCODIN vise à créer des solutions nanophotoniques pour l’échange et le traitement de données à l’intérieur de circuits intégrés. La technologie utilisée repose sur l’exploitation de composants optoélectroniques révolutionnaires qui, grâce à leur taille extrêmement réduite, permettent de créer des liens optiques et des fonctionnalités clés comme des neurones et des mémoires optiques ultra-rapides tout en réduisant drastiquement la consommation énergétique.

Modèle 3D représentant la brique de base de la technologie NCODIN : un dispositif optoélectronique révolutionnaire qui permet de concevoir tous les composants que l’on trouve à l’intérieur d’un circuit photonique

L’environnement C2N

Le C2N offre un environnement de travail et de recherche qui s’est révélé primordial pendant mon doctorat. Nous nous appuyons sur cet environnement propice pour le développement de notre projet : les grands moyens que nous avons à notre disposition nous permettent de mener un travail de très haute qualité scientifique. La salle blanche du C2N représente un atout majeur : elle est l'une des plus grandes centrales de technologie académique en Europe, permettant de développer des nanocomposants d’une qualité extrêmement élevée. Mais surtout, les grandes qualités professionnelles et humaines des ingénieurs et des chercheurs avec lesquels nous collaborons, rend l’environnement de travail stimulant et passionnant, ce qui représente une condition fondamentale pour la bonne évolution de NCODIN.

Les perspectives

Notre objectif est d’avoir un impact important dans la transition de la société vers l’ère de l’ultra-connectivité et de l’Intelligence Artificielle, en mettant l’accent sur la sauvegarde écologique de la planète. NCODIN n’en est qu’à des débuts mais nous sommes conscients du fort potentiel du projet et des enjeux majeurs du marché qu’on veut pénétrer. Nous planifions de créer la société et de lever les premiers fonds en pré-seed avant la fin d’année, pour l’amorçage de la startup. En parallèle, nous considérons d’un point de vue stratégique qu’il serait très important d’être hébergé au C2N : comme il s’agit d’un projet « hardware » innovant, le fait de pouvoir accéder à la centrale de technologie représenterait un support indéniable, afin de continuer dans la maturation de notre technologie ainsi que pour la conception des produits que nous souhaiterions lancer sur le marché. Notre objectif est d’accélérer notre croissance durant l’année 2023 : nous avons planifié de candidater pour le concours i-Lab de Bpifrance et de chercher notre premier investisseur privé.

Remerciements

Si je regarde en arrière, je vois que le projet a beaucoup avancé depuis le jour où j’ai proposé à Fabrice d’entreprendre cette route de valorisation. Cela a été possible aussi grâce à toutes les personnes que nous avons pu rencontrer et qui nous ont soutenu dans l’avancement de cette très belle aventure. Je veux commencer par remercier les collaborateurs de la plateforme technologique PIMENT du C2N qui nous ont aidé dans le développement de notre technologie durant ces années, ils ont également serré les rangs et réalisé un travail incroyable dans la remise en service de la salle blanche après le déménagement du laboratoire. Merci beaucoup aux services administratifs et à la cellule valorisation du C2N, en particulier Luc Le Gratiet, pour le soutien constant et l’aide dans la rédaction de documents propédeutiques au projet, à partir des dossiers de candidature jusqu’aux déclarations d’invention pour protéger la propriété intellectuelle. Merci aussi à Julie Carimalo (Coordinatrice administrative et scientifique à C’Nano) et Nils Balgobin (Agent de la perspective et de l’innovation à C’Nano) qui nous ont aidés pour les premières rédactions de dossiers de candidature avec leur feedbacks très précieux. Je veux remercier Eric Langrognet (Directeur de la filière entrepreneuriale à l’École CentraleSupelec) qui grâce à son expertise entrepreneuriale et sa disponibilité nous donne des astuces fondamentales pour notre avancement. Merci beaucoup à CNRS Innovation, en particulier à Giovanni Altamura et Feriel Hamdi qui nous suivent et nous soutiennent dans le cadre de l’accompagnement Rise et du projet de prématuration. Merci beaucoup aux mentors que nous avons rencontrés, Guillaume Berteloot (Deeptech Founders) et Xavier Bonjour (mentor Rise) pour leur aide quotidienne et le temps qu’ils ont dédié et qu’ils continuent de dédier au projet. Je tiens à remercier une fois de plus toutes les personnes précédemment citées pour leur aide à l’élargissement de notre réseau de contacts. Je tiens à remercier profondément Fabrice, tout d’abord pour notre rapport professionnel mais surtout pour l’amitié que nous nous portons depuis plus de 5 ans ainsi que pour le soutien psychologique que l’on se donne réciproquement. Cette aventure entrepreneuriale est très excitante et elle demande beaucoup d’engagement, ce qui parfois me pousse à dédier plus de temps à ma vie professionnelle qu’à ma vie privée. Pour cela, j’adresse un grand merci à ma famille, toujours présente à mes côtés, même dans les moments plus difficiles.

Laurent Ardhuin pour le C2N